Située à Niaise, au coeur même du terroir de la culture traditionnelle de la nouille, qui a marqué de son empreinte le paysage environnant et imprégné la toponymie locale, l'Ecole Nationale Supérieure de Nouilliculture (ENSN) accueille chaque année en son sein des élèves-ingénieurs, pour qui la culture et la transformation de la nouille est un sujet d'intérêt chaque jour renouvelé et dont, à la fin de leurs études, ils n'ignorent plus rien.

Fondée dès les débuts de la Révolution par l'abbé Eugène Chamel, qui certes n'a pas créé la sauce, mais en revanche est bien, quoi qu'on die, l'inventeur du fil à couper le beurre et député de l'alleu de Niaise aux Etats Généraux de 1789, l'ENSN peut s'enorgueillir de rivaliser tout autant par son ancienneté que par le niveau de son recrutement avec les prestigieuses Ecoles de la République française que sont Polytechnique et les Mines. D'ailleurs, les carrières menées par les ingénieurs diplômés en nouilliculture n'ont rien à envier à celles de leurs collègues : fort de leurs connaissances, ils occupent eux aussi, tant dans le secteur de l'adminstration que dans le secteur privé, de nombreux postes à responsabilités où ils peuvent donner toute la mesure de leurs talents et de leurs compétences, car, ainsi que l'a dit l'abbé Chamel dans un alexandrin resté fameux, "la nouille est notre mère, la nouille mène à tout".

Mais il ne faudrait pas oublier que bon nombre des anciens élèves de l'ENSN, prolongeant souvent une tradition familiale multi-séculaire, embrassent le noble état de nouilliculteur : la nouilliculture, marquée au fil des saisons par les semailles ("senouilles"), puis les moissons et enfin le battage des grains de nouille, est une activité somme toute prospère, quoique non exempte de difficultés. Certaines années, on a vu le marché de la nouille connaître des aléas fâcheux, aggravés par la concurrence déloyale de pays tiers, alors que la nouillerie, faut-il le rappeler ici avec force ? est incontestablement une spécialité nationale ! Le plus souvent cependant, le professionalisme de nos nouilliculteurs, la compétitivité de nos laminouilles et de l'ensemble de notre industrie nouillère, parviennent aisément à imposer le renom de nos produits terminaux, comme la célèbre confiture de nouilles, gloire de notre confiserie et ambassadrice de la civilisation occidentale.

Nous n'aurons garde d'oublier, en terminant cette courte présentation, que l'ENSN a compté parmi ses enseignants des maîtres incontestés, qui n'ont jamais ménagé leurs efforts, au profit de leurs élèves bien sûr, mais aussi pour accroître le renom de l'Ecole aux quatre coins de la planète : nous ne citerons qu'un nom, celui de M. Pierre Dac, un "maître 63" dont il convient de saluer ici liminairement la mémoire.

samedi, décembre 10, 2005

Le 1er trimestre de l’année 2005-2006 tire à sa fin : il est temps de formuler quelques observations à l’attention de nos élèves. J’en emprunterai la matière à un texte paru il y a plus de cent ans, sous les auspices de la Société polymathique cantonale de Bauleau sur Niaise et que l’on doit à la plume joliment tournée d’un avocat de grand renom, Maître Bafouillet : ce dernier, invité par le directeur de notre Ecole, M. Alcide Ascétique, à prononcer un discours lors de la Saint Charlemagne, avait rappelé les grands principes de l’acquisition du savoir.

«Non dormiebat, sed noctem et journam travaillebat per placere patri et matri suis, disait en son latin macaronique le célèbre prédicateur Olivier Paillard à propos de saint Gros-Jean, le patron des fayoteurs. L’exemple reste à suivre en votre sein, car la nouilliculture, à l’instar des animaux sauvages, ne se laisse pas aussi facilement apprivoiser que certains le souhaiteraient : les connaissances ancestrales, transmises par nos prédécesseurs, ont fait place désormais à une discipline scientifique rigoureuse, ardue et pleine d’embûches dont il faut savoir se saisir et se dépêtrer. Tous les jours il faut sur le métier boire la lie d’un tissu rugueux de mille coups de verges assenés par le destin cruel ; mais, pour autant, à ceux que viendrait aveugler une trop grande confiance dans leur facilité à retenir au plus profond des arcanes de leur mémoire l’anguille filante de leur tout nouveau savoir, je rappellerai le mot fameux du grand Bossuet : « il n’est si petit ruisseau qui ne finisse par porter ombrage ». La modestie est un costume étroit à enfiler, a dit le poète, et le succès vite acquis ne profite jamais à qui mal y pense : raison de plus, mes chers enfants, pour vous lever tôt et travailler tard, comme le hérisson qui chaque jour porte sa maison sur son dos ».

On le voit, les propos de nos vieux maîtres restent souvent d’une pertinence éblouissante et d’une grande actualité : ce sont eux donc que je laisse à la méditation des élèves d’aujourd’hui.


LE DIRECTEUR DES ETUDES

1 commentaire:

Cesco a dit…

À propos de saint Charlemagne, sa sainteté fut proclamée en un temps où la canonisation se faisait à l'applaudimètre : Vox Populi, Vox Dei !

Il est vrai que le grand Charles qui se rendit plusieurs fois à Rome, fut aussi crédité d'un imaginaire pèlerinage à Jérusalem.